Velomobile LeMans aux championnats du Monde 2015

Le vélomobile LeMans 001 avait déjà donné pour les Championnats du Monde 2014, le 002 à reçu beaucoup d'améliorations et de modifications qu'il aurait été intéressant de mettre à l'épreuve lors des Championnats du monde 2015 à Maasmechelen en Belgique du 21 au 23 Août. Malheureusement, un contretemps technique sur le 002 m'a contraint de remettre en route le bon vieux 001, moins d'une semaine avant le début des épreuves !

Le LeMans 001, je le connais bien avec environ 1000 km à son bord, ses atouts me sont facilement profitables. Je regrette seulement de pas avoir eu la moindre préparation physique depuis les 6 dernier mois ... tant pis, je roulerais pour le plaisir, et  tant mieux si je fais des bons résultats !

Le premier jour, c'est l'épreuve du 200 mètres lancés, une belle route d'environ 3 km permet de s'élancer. Elle sert au départ pour l'échauffement des quelques 110 participants. Mon coéquipier, Gaétan, roule en Milan SL. Lui, il est entrainé au top depuis le début de l'année, suivi par un coach etc ... je profite de ses conseils pour me préparer comme il se doit.

Après un temps d'échauffement et quelques allers-retours sur la grande ligne droite, tous les participants se placent en file d'attente pour un départ toute les 30 secondes. Ce qui n'était pas trop prévu, c'est les 45 minutes d'attente avant de nous élancer. Il n'y avait pas d'ordre de passage prédéfini à l'avance, donc ça n'a pas été idéal pour maintenir les muscles bien chauds ! 

Mon départ est sonné, un léger faux plat descendant permet de prendre rapidement de la vitesse, le LeMans atteint en un rien de temps les 50 km/h, je ne vois pas encore la ligne de départ des 200 m car elle se trouve encore à un bon kilomètre de moi ... en réalité je suis trop rapide, car je me suis vu maintenir le 50-55 km/h pendant un moment avant d'arriver au premier repère, à 800 mètres du point de mesure. Lorsque j'ai visuel sur la ligne de mesure, je lâche les chevaux... enfin ... les quelques poney qui me restaient en réserve ! Une petite bosse avant la ligne de mesure perturbe encore une fois mon accélération. Je passe la ligne de départ des 200 m avec les jambes bridées, sans doute l'oxydation des muscles encore froids ... 59 km/h ... je rumine car ici les conditions sont correctes (route relativement plate, pas de vent) et je ne peux m'empêcher de comparer avec mes performances de l'année dernière sur la même épreuve dont les conditions étaient bien moins bonnes (faux plat montant, fort vent de face) où j'avais réalisé ... 62 km/h !

J'ai très mal géré l'accélération, et mon manque d'entrainement physique évident ne m'a pas permit de fournir du watt dans les pédales ... Ce n'est pas grave, je me rattraperais dans l'épreuve du lendemain, le 100 km avec ses virages méchants ! Le LeMans 001 est un prototype lourd (32 kg) mais c'est grâce à son train avant large de 84 cm qu'il peut s'imposer dans les virages !

Le départ du 100 km est donné, tous les participants dévalent la première descente avant d'arriver au premier rond-point qui matérialise l'un des 4 virages du circuit. Rapidement, on aperçoit les "bêtes de course" filer vers la tête du peloton, principalement composées de DF ... et un Milan SL, Gaétan qui pète la forme et qui a le couteau entre les dents !

Avec ses grandes roues extérieures à la coque, le LeMans perd un peu d'avantage dans les lignes droites. C'est donc dans les virages que ses atouts s'expriment ! En effet, je sortais de chaque virage aussi vite que j'y entrais, parfois même j'osais accélérer à l'intérieur des virages ! Il n'y a pas de secret, c'est vraiment le modèle le plus stable, et c'est ultra sportif à conduire ! 

Les tours s'enchaînent (4.2 km/tour) et une difficulté apparaît : j'ai fais la bêtise de mettre un nouveau produit dans ma gourde ... excessivement sucré ! Moi qui suis habitué aux produits neutres, je suis complètement écœuré ! Il fait très chaud, et la soif devient gênante ; en même temps, chaque gorgée me retourne l'estomac ...  Et comme les virages du circuit sont en général constitués de bitume accidenté voir de pavés, je me fais secouer comme un prunier ... la nausée me fait souffrir pendant les 58 premiers km ! 

Ensuite, mon compteur tombe en panne, tant mieux, je pourrais me concentrer sur autre chose que la vitesse. Au même moment ma nausée disparaît et je reprends rapidement du tonus. Les virages sont de plus en plus éprouvant, aussi bien pour moi que pour la mécanique, mais ça me permet de dépasser de nombreux concurrents, même dans la côte !

Le LeMans est très particulier car, à l'inverse des autres vélomobiles rapides en ligne droite et ralentis en virage, lui se moque des ronds-points et passe en force sans lever la roue ! 

A bord du LeMans, je retiens cette impression qui me rappelle ces moments où j'étais aux commandes d'un avion de voltige ! Extrêmement éprouvant, mais tellement impressionnant ! Les virages à 40 ou 45 km/h sur les pavés devaient faire un bruit monstrueux, j'imagine que les autres concurrents devaient m'entendre arriver! Je termine la course avec la banane, bien qu'agacé par le début désagréable, désormais je n'accepterai plus les boissons qu'on me propose, je n'utiliserai que celles que je connais bien !

C'est une fois rentré au camping que l'on mesure en regardant mon vélomobile, combien la course a été "secouante". Le 001 n'étais pas destiné à faire cette course, la mécanique du train avant était relativement simple et insuffisante pour recevoir de telles contraintes, si bien que des pièces ont travaillé, signant la fin de la course pour moi! 

Le LeMans 002 n'aurait pas eu ce souci car son train avant était conçu complètement différemment => la géométrie était proche des trains avant usuels de nos chers vélomobiles!

La course suivante se déroulera donc sans LeMans, on notera tout de même pas mal de casses ou de problèmes techniques causés par le mauvais état de la route, je me souviens d'un DF terminer la course des 100 km avec l'arrière de sa coque posée littéralement sur la route, quelques crevaisons par pincement et des trains faussés !

De son côté, Gaétan n'a pas eu beaucoup de chance, durant la course de 100 km il a crevé à 8 tours de la fin et lors de la course de l'heure, il a encore crevé, cette fois-ci dès le début et au niveau de la roue arrière ... qu'il à réussi à faire sortir de ses fixations ! Trop puissant ce pilote ! A priori, les serrages rapides ne tiennent pas aussi bien la roue qu'un bon serrage à vis... mais cela ne concerne que les pilotes particulièrement puissants comme Gaétan!

Cette année, les vélomobilistes Français n'auront donc pas eu la chance de réaliser de bonnes performances. On a tout de même profité du beau temps, des rencontres sympas, et de l'événement! 

Peut être que l'année prochaine, sera une bonne année pour les Français ?!

 

Article de David, Tiré du Vélomobiliste n°2 de septembre 2015